Confiseries, caniches et châleur ♥ [PV Sugar'Boy]

11h35. Promenade sous le soleil.

Le temps était au beau fixe. Le soleil rayonnait de milles feux sur l'eau et sur l'herbe émeraude. Les sentiers de terre à l'ombre des chênes offraient une balade agréable au milieu des rosiers en fleur. Les enfants et les adolescents couraient en hurlant et en riant jusqu'au lac azuré pour s'y plonger avidement. Leurs mamans, tranquilles, observaient au loin, assises tranquillement sous les peupliers au milieu de l'étendue émeraude pour boire le thé et discuter autour d'une belle nappe carrelée de rouge et de noir. Quelques jeunes à l'air abruti sur des bancs se grillaient des joints en écoutant de la musique rap sans échanger le moindre mot. Un marchand de confiseries tendait une gigantesque glace à la mangue et à la meringue dégoulinante en direction d'une fille si petite que la glace semblait pouvoir l'engloutir toute entière. Un garçon et une petite fille tentaient de grimper dans un arbre tandis que leur maman affolée leur criait d'en redescendre. Une femme d'une beauté éblouissante tenait en laisse d'une main une multitude de petits caniches excités et d'une autre un téléphone dans lequel elle insultait une pauvre personne qui n'a rien demandé. Pourquoi semblait-elle si énervée ?

Zoomons, donc !

Oh !! Stupeur et tremblements ! Cette femme n'est autre que la Queen du prêt-à-porter, la grande reine Frenzied !! Mais que fait-elle là, accrochée à ces bêtes stupides ?! La déesse n'a jamais eu ni aimé ces créatures sans cervelles. Et jamais au grand jamais elle ne se serai abaissée à promener les chiens d'une autre personne. Quelle est donc cette plaisanterie de mauvais goût ? Fouillons dans sa mémoire afin de comprendre.

Red avait passé sa nuit à travailler, voguant d'un défilé à une autre séance photo sans s'arrêter. Elle dormit trois heures à l'aurore, puis ressortit pour un nouveau rendez-vous devant sa plus grande boutique. Là, le pdg homosexuel qui devait commanditer son tissu arriva, entouré de ses chiens fidèles. Ses caniches étaient ce qu'il avait de plus précieux. Lui, était la personne la plus influente du monde du textile. La plus importante sans aucun doute. Il fournissait la plus belle matière première du marché et avait l'œil pour dénicher le tissu qui ferait vendre. Cet homme était une espèce protégée, et pour s'assurer son amitié, il fallait également s'assurer avec soin que ses horreurs de caniche ne manquent de rien.

Ainsi, il vint au rendez-vous comme prévu. Red le salua plus châleureusement que jamais. Il ne fallait surtout pas perdre sa contribution, il lui avait trouvé une soierie digne des dieux pour ses prochaines saisons. Ils allèrent déjeuner. Au milieu du repas, son téléphone sonna et il sortit. Une urgence. Il courut afin de parvenir à rattraper les erreurs de son employé, oubliant de prévenir Red et de récupérer ses chiens. Une heure plus tard, le commanditaire rappela Red (qui l'attendait toujours dans le restaurant, bien décidée à ne pas avoir à s'occuper des monstres). Il lui demanda de lui ramener ses chiens à son bureau mais avant de leur faire la promenade dans le parc Royal Garden. Red appela immédiatement ses secrétaires afin qu'elles s'occupent des chiens mais toutes refusèrent. Elle les vira et prit le chemin du-dit parc, tout en téléphonant à sa styliste qui se trouvait actuellement aux Etats-Unis afin de passer ses nerfs sur elle.

La sublime créature parcourait ainsi le parc en fumant cigarettes sur cigarettes et en appelant tout son staff afin de les virer tous les uns après les autres par énervement. Elle finit par attacher la laisse des chiens à un banc et s'assit au milieu des geignements et des pleurnicheries. Les chiens n'avaient pas encore mangé ni fait leurs besoins. Red ne savait pas comment faire. Au bord de la crise d'hystérie, celle-ci hésitait entre abandonner les chiens et perdre son affaire ou se suicider.

Le marchand de glace lui fit un sourire. Dans la colère, elle était magnifique. Les lèvres pincées et le regard vengeur sublimait sa splendeur. Elle était véritablement furieuse. Elle se leva, fit quelques pas, et l'air de rien alla s'acheter une glace afin de se détendre. Elle ne pouvait arriver chez son commanditaire si précieux avec la rage au ventre. Zen, restons zen, se chantonnait-elle mais ce refrain stupide l'énervait bien plus qu'il ne la calmait. Elle shoota dans un caillou et s'approcha du stand.

"Bien le bonjour, ma belle dame. Que puis-je pour vous ?
- Une glace à la fraise et aux copeaux de chocolats blancs et noirs, je vous prie, demanda t-elle poliment après avoir observé les différents parfums, plus étranges les uns que les autres.
- Il ne faut pas faire cette tête, elles sont bonnes mes glaces !
- Je n'en doute pas...
- Et pourquoi cette tête si triste, ma belle dame ?
- Je vous le dirai si vous êtes gentils et que vous m'aurez donné ma glace.
- Haha ! Quel chantage ! Non, dites moi d'abord.
- Pas question. Laissez-moi tranquille !! s'enflamma la jeune femme.

Red le fusilla du regard, mais voyant que l'homme, même après avoir encaissé sa monnaie, attendait toujours qu'elle se livre, elle voulut s'enfuir et partir se défouler ailleurs plutôt que sur la tête du glacier. Or un groupe d'enfants l'avait déjà encerclée et l'empêchait de s'enfuir. Red se retint de donner des coups des pieds en plein dans la tête des mioches pour se dégager de la situation. Pas bonne idée... Mais alors que faire, sinon continuer à supporter cet idiot de glacier ?

"Bon d'accord, je vais tout vous dire... Mais libérez moi, pitié. Et donnez moi cette glace, sinon... Sinon, je bute les marmots !! " s'écria Red, le cervelet virant sur la route de la démence.